Sylvie Durmelat

Le couscous, plat de résistance?

Plat de résistance complet, le couscous forme un “plat total” englobant un ensemble culturel. L’indépendance de l’Algérie conforte son statut de plat national et de symbole de la résistance, voire de recette pour la souveraineté alimentaire. Paradoxalement, en France aussi le couscous est devenu plat quasi-national, porteur d’une histoire coloniale qu’il sert à euphémiser, sans toutefois la désamorcer. Archaïque et anti-moderne, il empêcherait l’intégration des migrants algériens, selon certains services sociaux, alors que baume nostalgérique et butin de guerre ironique des vaincus, il fait des Pieds-Noirs des pionniers du goût dans les publicités pour le couscous en boîte. Devenu outil de dédiabolisation pour la droite extrême, le couscous reste stigmate ethnique pour les descendants de migrants coloniaux. Pourquoi ce plat est-il une spécialité qu’on enjoint aux migrants maghrébins et à leurs descendants d’oublier, ou de servir, et aux consommateurs de plébisciter?

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