Jean-Loup Kastler Vassilievitch

De résistance en révolution : les “faubourgs verts” de Grenoble aux origines de la Journée des Tuiles du 7 juin 1788 ?

La « centralité paradoxale » des Alpes françaises dans le monde atlantique est un des traits marquants du XVIIIe siècle. Espace frontière au cœur des échanges, les Alpes sont aussi un « espace critique » comme l’a montré Michael Kwass au sujet de Mandrin. Depuis la fin du XVe siècle, la ville de Grenoble, siège du Parlement de Dauphiné, possède environ 1 000 hectares de communaux. Le tiers de cette superficie correspond à des « réserves » dont la fonction officielle est d’éviter les inondations. Dans la pratique, ces réserves sont utilisées par la population des faubourgs comme un service social pour de multiples usages : défrichements, divagation du bétail, rouissage du chanvre, jardinage. Cependant, ces usages sont progressivement criminalisés à partir de 1763 par une monarchie qui souhaite mettre ces espaces en adjudication à son profit en spoliant au passage la commune de Grenoble. La résistance populaire et féminine s’organise alors jusqu’à prendre un tour révolutionnaire en 1788.

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